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l’invasion de la mer

Et, prenant la tête, il se glissa à travers une petite palmeraie en direction du fort.

Ce bois, désert à cette heure, ne s’animait que les jours où se tenait le grand marché de Gabès. Il y avait donc probabilité qu’on ne rencontrerait plus personne aux approches du bordj, dans lequel il serait d’ailleurs impossible de pénétrer. De ce que la garnison jouissait des permissions de ce dimanche, il n’aurait pas fallu conclure que le poste de service eût été abandonné.

Est-ce qu’une surveillance plus sévère ne s’imposait pas tant que le rebelle Hadjar serait prisonnier dans le fort, tant qu’il n’aurait pas été transféré à bord du croiseur pour être livré à la justice militaire ?…

La petite troupe marchait donc sous le couvert des arbres et atteignit la lisière de la palmeraie.

En cet endroit s’aggloméraient une vingtaine de huttes, et quelques lumières filtraient à travers leurs étroites ouvertures. Il n’y avait plus qu’une portée de fusil à franchir pour atteindre le lieu du rendez-vous.

Mais à peine Horeb s’était-il engagé dans une tortueuse ruelle qu’un bruit de pas et de voix le contraignit de s’arrêter. Une douzaine de soldats, des spahis, venaient de leur côté, chantant et criant, sous l’influence de libations peut-être un peu trop prolongées dans les cabarets du voisinage.

Ahmet trouva prudent d’éviter leur rencontre et, pour leur livrer passage, se rejeta avec Djemma, Sohar et Horeb au fond d’un obscur enfoncement non loin de l’école franco-arabe.

Là se creusait un puits dont l’orifice était surmonté d’une armature de bois qui supportait le treuil auquel s’enroulait la chaîne des seaux.

En un instant, tous se furent réfugiés derrière ce puits dont la margelle assez haute les cacherait entièrement.

Le groupe s’avançait, et voici qu’il s’arrêta, et l’un de ces soldats de s’écrier :