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l’invasion de la mer

— Et quoi donc, brigadier ?…

— Regardez… à moins que je ne me trompe !… Est-ce que ce n’est pas comme une espèce de dune qui s’arrondit là-bas, avec quelques arbres dessus ?… »

Et, de sa main tendue vers le nord-est, Pistache montrait un point du chott, distant de trois kilomètres au plus.

Tous les yeux suivirent cette direction. Le brigadier ne se trompait pas. Il y avait là, par chance, une de ces petites collines boisées, un « tell », au-dessus duquel se profilaient trois ou quatre arbres bien rares dans cette région. Si le capitaine Hardigan et ses compagnons parvenaient à l’atteindre, peut-être pourraient-ils passer la nuit dans des conditions moins mauvaises ?

« C’est là qu’il faut aller… à tout prix, déclara l’officier.

— D’autant plus, ajouta M. de Schaller, que nous ne nous écarterons pas sensiblement de notre route…

— Et puis, dit le brigadier, qui sait si de ce côté le fond du chott ne sera pas meilleur pour nos pauvres pattes !…

— Allons, mes amis, un dernier effort ! » ordonna le capitaine Hardigan.

Et tous le suivirent.

Mais, au-delà de ce tell, si, comme venait de le dire Pistache, le fond remontait, si, le lendemain, les fugitifs devaient rencontrer un terrain plus consistant, il n’en fut pas ainsi pendant la dernière heure de cette étape.

« Je n’arriverai jamais ! répétait M. François.

— Si… en prenant mon bras !… » répondit l’obligeant brigadier.

C’est à peine si deux kilomètres avaient été franchis, lorsque le soleil fut au moment de disparaître. La lune, au début de son premier quartier, le suivait de près et allait se cacher derrière l’horizon. Au crépuscule déjà court sous cette basse latitude succéderait une obscurité profonde. Il importait donc de mettre à profit les derniers instants du jour pour gagner le tell.

Le capitaine Hardigan, M. de Schaller, le brigadier, M. Fran-