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XVI

le tell


Il était un peu plus de sept heures lorsque le capitaine Hardigan et ses compagnons quittèrent la pointe. La nature particulière du sol commandait de n’avancer qu’avec grande précaution. Les efflorescences de sa surface ne permettaient pas de reconnaître s’il offrait une résistance suffisante et si, à chaque pas, on ne risquait pas de s’enliser dans une fondrière.

L’ingénieur, d’après les sondages du capitaine Roudaire et ceux qu’il avait faits lui-même, savait à quoi s’en tenir sur la composition de ces terrains dont la couche forme le fond des sebkha et des chotts. À la partie supérieure s’étend une croûte salifère, sujette à de certaines oscillations très sensibles. Au-dessous, les sables se mélangent de marnes, parfois fluides, où l’eau entre pour les deux tiers, ce qui leur enlève toute consistance. Parfois les sondes ne rencontrent la roche qu’à de grandes profondeurs. Il n’y a donc pas lieu de s’étonner si hommes et chevaux disparaissaient dans ces couches semi-liquides, comme si le sol se dérobait sous eux, et sans qu’il fût possible de leur porter secours.

Il eût été à souhaiter que, au sortir de l’Hinguiz, les fugitifs retrouvassent les empreintes du passage de Hadjar et de sa troupe de Touareg à travers cette partie du chott. Des traces de pas sur la croûte blanche n’auraient pas encore eu le temps de s’effacer, puisque ni le vent ni la pluie n’avaient balayé l’est du Melrir depuis quelques jours. Dans ce cas, il n’y aurait eu qu’à