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l’invasion de la mer

lorsque le Melrir sera changé en un vaste lac, et, sous les eaux, se glisseront les poissons et les cétacés méditerranéens ! Et je crois déjà voir, à toute voile ou à toute vapeur, les flottilles de guerre et de commerce sillonner la nouvelle mer !

— En attendant que le chott soit rempli, monsieur l’ingénieur, déclara le brigadier Pistache, m’est avis qu’il faut profiter de ce qu’il ne l’est pas encore pour regagner le canal. À espérer qu’un bâtiment vienne nous prendre où nous sommes, il y aurait de quoi perdre patience…

— Sans doute, répondit M. de Schaller, mais je persiste à penser que la complète inondation du Rharsa et du Melrir s’effectuera en moins de temps qu’on ne l’a supposé…

— À ne pas durer plus d’un an, répliqua en riant le capitaine, ce serait trop pour nous ! Et, dès que nos préparatifs seront terminés, je donnerai le signal du départ.

— Allons, M. François, dit alors le brigadier, il va falloir jouer des jambes, et puissiez-vous faire bientôt une halte dans une bourgade qui possédera une boutique de barbier, car nous finirions par avoir une barbe de sapeur !…

— De sapeur ! » murmura M. François, qui ne se reconnaissait déjà plus lorsque les eaux d’un oued lui reflétaient son visage.

Les préparatifs ne pouvaient être ni longs ni compliqués dans les conditions où se trouvaient alors les fugitifs. Cependant, ce qui les retarda un peu ce matin-là, ce fut la nécessité d’assurer leur nourriture pour les deux jours de marche jusqu’à Goléah. Ils n’avaient à leur disposition que les morceaux de l’antilope dont une partie seulement était consommée. Or, pendant cette traversée du Melrir, où le bois ferait défaut, comment allumer du feu ?… Ici, du moins, le combustible ne manquait pas, et les branches, rompues par les violentes rafales du Djerid, jonchaient le sol.

Le brigadier et les deux spahis procédèrent donc à cette besogne. En une demi-heure, des tranches de cette excellente