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l’oasis de gabès.

trois se blottissaient en quelque coin obscur, derrière une hutte isolée, sous le couvert des arbres et ils reprenaient leur marche, après que les passants s’étaient éloignés.

Enfin, ils n’étaient plus qu’à trois ou quatre pas du lieu de rendez-vous, lorsqu’un Targui, qui semblait guetter leur passage, se précipita devant eux.

La rue ou plutôt le chemin qui obliquait vers le bordj était désert en ce moment, et, en le suivant pendant quelques minutes, il suffirait de remonter une étroite ruelle latérale pour gagner le gourbi où se rendaient Djemma et ses compagnons.

L’homme avait été droit à Ahmet ; puis, joignant le geste à la parole, il l’avait arrêté en disant :

« Ne va pas plus loin…

— Qu’y a-t-il, Horeb ?… demanda Ahmet qui venait de reconnaître un des Touareg de sa tribu.

— Nos compagnons ne sont plus au gourbi. »

La vieille mère avait suspendu sa marche et, interrogeant Horeb d’une voix à la fois pleine d’inquiétude et de colère :

« Est-ce que ces chiens de Roumis ont l’éveil ?… demanda-t-elle.

— Non… Djemma, répondit Horeb, et les gardiens du bordj n’ont aucun soupçon…

— Alors pourquoi nos compagnons ne sont-ils plus au gourbi ?… reprit Djemma.

— Parce que des soldats en permission sont venus y demander à boire, et nous n’avons pas voulu rester avec eux… Il y avait là le sous-officier de spahis Nicol, qui vous connaît, Djemma…

— Oui, murmura celle-ci… Il m’a vue là-bas… dans le douar… lorsque mon fils est tombé entre les mains de son capitaine… Ah ! ce capitaine, si jamais !… »

Et ce fut comme un rugissement de fauve qui s’échappa de la poitrine de cette femme, la mère du prisonnier Hadjar !

« Où rejoindre nos compagnons ?… demanda Ahmet.

— Venez », répondit Horeb.