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en fuite.

vite rejoints ! Mieux valait attendre, attendre à cette place, et, tout d’abord, se hisser sur les arbres pour éviter une attaque.

Ce fut l’ordre que donna le capitaine, et il allait être exécuté, lorsque le chien, s’échappant des mains du brigadier, disparut vers la droite du campement.

« Ici… Coupe-à-cœur ! ici… » cria Pistache.

Mais l’animal, ou ne l’entendit pas ou ne voulut pas l’entendre, et ne revint pas.

En ce moment, ce tumulte, ces hurlements semblèrent s’éloigner. Peu à peu, ils diminuèrent, et finirent par cesser. Et les seuls bruits encore perceptibles ne furent que les aboiements de Coupe-à-cœur qui ne tarda pas à reparaître.

« Partis… ces fauves sont assurément partis ! dit le capitaine Hardigan… Ils n’avaient point vent de notre présence !… Nous n’avons plus rien à craindre…

— Mais qu’a donc Coupe-à-cœur ?… s’écria Pistache qui, en caressant le chien, sentait ses mains humides de sang. Est-ce qu’il est blessé ?… Est-ce qu’il a reçu là bas quelque coup de griffe ?… »

Non… Coupe-à-cœur ne se plaignait pas… Il gambadait, il sautait, il allait vers la droite et revenait aussitôt. On eût dit qu’il cherchait à entraîner le brigadier de ce côté, et, comme celui-ci se disposait à le suivre :

« Non… restez, Pistache, ordonna le capitaine… Attendons la pointe du jour, et nous verrons ce qu’il faudra faire… »

Le brigadier obéit. Chacun reprit la place qu’il avait quittée aux premiers hurlements des fauves, et aussi son sommeil si brusquement interrompu.

Ce sommeil ne fut pas troublé, et, quand les fugitifs se réveillèrent, le soleil commençait à déborder l’horizon à l’orient du Melrir.

Mais voici que Coupe-à-cœur s’élança sous bois, et, quand il revint, cette fois, il fut constaté que son poil portait des traces d’un sang frais.