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l’invasion de la mer

et ce fut heureux, car, un peu avant minuit, les sourds aboiements qui lui échappèrent réveillèrent les dormeurs.

« Alerte… alerte !… » s’écria le brigadier, qui venait de se relever brusquement.

En un instant, le capitaine Hardigan se retrouva sur pied.

« Écoutez, mon capitaine ! » dit Pistache.

Un violent tumulte se produisait sur la gauche du bouquet d’arbres, un bruit de branches brisées, de buissons déchirés, à quelques centaines de pas de là.

« Est-ce donc que les Touareg de Zenfig nous poursuivent et seraient sur notre piste ?… »

Et pouvait-il être douteux que, l’évasion des prisonniers constatée, les Touareg ne fussent lancés à leur poursuite ?…

Le capitaine Hardigan, après avoir prêté l’oreille, fut d’accord avec le brigadier pour dire :

« Non… ce ne sont pas des indigènes !… Ils auraient essayé de nous surprendre !… Ils ne feraient pas ce bruit !…

— Mais alors ?… demanda l’ingénieur.

— Ce sont des animaux… des fauves, qui rôdent à travers l’oasis », déclara le brigadier.

En effet, le campement n’était point menacé par les Touareg, mais par un ou plusieurs lions, dont la présence n’en constituait pas moins un grand danger.

S’ils se jetaient sur le campement, serait-il, possible de leur résister, sans une arme pour se défendre ?…

Le chien donnait les signes de la plus vive agitation. Le brigadier eut grand-peine à le contenir, à l’empêcher d’aboyer, et de se jeter vers l’endroit où les hurlements éclataient avec fureur.

Que se passait-il donc ?… Est-ce que ces fauves se battaient entre eux, se disputaient une proie avec cet acharnement ?… Est-ce qu’ils avaient découvert les fugitifs sous le bouquet d’arbres ?… Est-ce qu’ils allaient se précipiter sur eux ?…

Il y eut là quelques minutes de profonde anxiété. S’ils avaient été découverts, le capitaine Hardigan et ses compagnons seraient