Page:Verne - L’Invasion de la mer.djvu/227

Cette page a été validée par deux contributeurs.
205
en fuite.

bande de Hadjar, nul doute qu’elle ne fût déjà de trente ou quarante kilomètres dans l’est.

La halte dura une heure. Les dattes ne manquaient point, et le brigadier déterra des racines qu’on fit cuire sous la cendre. On s’en nourrit tant bien que mal, et Coupe-à-cœur dut s’en contenter.

Le soir, vingt-cinq kilomètres avaient été franchis depuis Zenfig, et le capitaine Hardigan s’arrêtait à la pointe est de l’Hinguiz.

C’était sur la bordure de la dernière oasis. Au-delà s’étendaient les vastes solitudes de la dépression, l’immense aire étincelante d’efflorescences salines, sur laquelle, faute de guide, le cheminement allait être non moins difficile que dangereux. Mais enfin les prisonniers étaient loin de leur prison, et si Ahmet et autres s’étaient mis à les poursuivre, du moins n’avaient-ils pas retrouvé leurs traces.

Tous avaient grand besoin de repos. Quelque intérêt qu’ils eussent à gagner au plus tôt Goléah, ils durent passer la nuit en cet endroit. D’ailleurs, se hasarder au milieu de l’obscurité sur ces terrains mouvants au-delà de l’Hinguiz aurait été trop imprudent. C’est à peine s’ils s’en tireraient en plein jour ! N’ayant point à craindre le froid à cette époque de l’année et sous cette latitude, ils se blottirent au pied d’un bouquet de palmiers.

Sans doute, il eût été sage que l’un d’eux, surveillât les approches de ce campement. Le brigadier s’offrit même pour rester de garde pendant les premières heures, quitte à être relevé par les deux spahis. Tandis que ses compagnons tombaient dans un lourd sommeil, il se tint à son poste en compagnie de Coupe-à-cœur. Mais, à peine un quart d’heure écoulé, Pistache ne put résister à l’envie de dormir. Ce fut presque inconsciemment qu’il s’assit d’abord, puis s’étendit sur le sol, et ses yeux se fermèrent malgré lui.

Heureusement le fidèle Coupe-à-cœur faisait meilleure garde,