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XV

en fuite.


C’était après avoir mûrement réfléchi sur ce qu’il y avait à faire à la suite d’une évasion que le capitaine Hardigan avait pris cette direction de l’est. À l’opposé, sans doute, un peu au-delà de la lisière occidentale du Melrir, se trouvait la piste fréquentée de Touggourt que suivait le tracé du Transsaharien, et d’où il aurait été facile de gagner Biskra avec sécurité en temps ordinaire. Mais cette partie du chott, il ne la connaissait pas, étant venu par l’est de Goléah à Zenfig, et remonter L’Hinguiz vers l’ouest, c’était non seulement l’inconnu, mais le risque d’y rencontrer des gens postés par Hadjar pour surveiller les troupes pouvant arriver de Biskra par ce côté. D’ailleurs le parcours était à peu près égal entre Zenfig et le terminus du canal. Les ouvriers pouvaient être revenus en force au chantier. Et puis, à rallier Goléah, peut-être rejoindrait-on le détachement du lieutenant Villette qui devait plutôt effectuer ses recherches en cette portion du Djerid… Enfin, de ce côté s’était élancé Coupe-à-cœur à travers l’oasis, et comme le pensait le brigadier, il avait « ses raisons pour cela ! » et ne convenait-il pas de s’en rapporter à la sagacité de Coupe-à-cœur ? Aussi avait-il dit :

« Mon capitaine, il n’y a qu’à le suivre ! Il ne se trompera pas !… Et d’ailleurs, il y voit la nuit comme le jour !… Je vous l’affirme, c’est un chien qui a des yeux de chat !…

— Suivons-le », avait répondu le capitaine Hardigan.

C’était ce qu’il y avait de mieux à faire. Au milieu de cette obs-