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l’invasion de la mer

vieux frère, ton ami Va-d’l’avant… Va-d’l’avant… entends-tu, et les prévenir que nous sommes enfermés dans cette cassine !… »

Le capitaine Hardigan et les autres s’étaient rapprochés de la porte. S’ils avaient pu se servir du chien pour communiquer avec leurs compagnons !… Un billet attaché à son collier… Et qui sait si, rien que par son instinct, le fidèle animal n’aurait pas retrouvé le lieutenant ?… Et Villette, apprenant où étaient ses compagnons, aurait pris des mesures pour les délivrer !…

Dans tous les cas, il ne fallait pas que Coupe-à-cœur fût surpris dans le chemin de ronde à la porte du bordj. Aussi le brigadier lui répéta-t-il :

« Va… mon chien, va ! »

Coupe-à-cœur le comprit, car il s’en alla, après avoir donné un dernier jappement d’adieu.

Le lendemain, comme la veille, des provisions furent apportées dès la première heure et il y eut lieu de penser que la situation des prisonniers ne serait pas encore modifiée ce jour-là.

Pendant la nuit suivante, le chien ne revint pas ; du moins, Pistache qui le guettait ne l’entendit point. Et il se demanda si le pauvre animal n’avait pas reçu quelque mauvais coup et si on ne devait plus le revoir…

Les deux journées qui suivirent ne se signalèrent par aucun incident, et l’on ne constata aucune nouvelle animation dans la bourgade.

Le 24, vers onze heures, le capitaine Hardigan, en observation au haut du minaret, remarqua un certain mouvement à Zenfig. Il se faisait comme un tumulte de chevaux, un bruit d’armes qui n’était pas habituel. En même temps, la population se porta en masse sur la place principale, vers laquelle se dirigeaient de nombreux cavaliers.

Était-ce donc ce jour-là que le capitaine Hardigan et ses compagnons allaient y être amenés devant Hadjar ?…

Non, cette fois encore, il n’en fut rien. Tout, au contraire,