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en captivité.

non sans raison, que cette habitation devait être la demeure de Hadjar, et il ne se trompait pas.

Dans l’après-midi du 20, ayant repris son poste d’observation à l’extrémité du minaret, le brigadier remarqua une grande animation dans la bourgade dont les maisons se vidaient peu à peu. Et même, à travers l’oasis, il semblait bien que nombre d’indigènes arrivaient des divers points de l’Hinguiz. Et ce n’étaient point des caravanes de commerce, car aucun méhari, aucune bête de somme ne les accompagnait.

Qui sait si, à l’appel de Hadjar, une importante assemblée ne se réunissait pas ce jour-là à Zenfig ?… Et de fait, la place principale fut bientôt envahie par une foule nombreuse.

Voyant ce qui se passait, le brigadier se dit que son capitaine devait en être informé, et il l’appela.

Le capitaine Hardigan n’hésita pas à rejoindre Pistache dans l’étroit réduit du minaret, mais ce ne fut pas sans de pénibles efforts qu’il parvint à se hisser près de lui.

Pas d’erreur, pas de doute, une sorte de palabre comptant plusieurs centaines de Touareg était réunie en ce moment à Zenfig. Des cris, on les entendait, des gestes, on les voyait du haut de la « souma’ah », et cette effervescence ne prit fin qu’à l’arrivée d’un personnage, suivi d’un homme et d’une femme, qui sortirent de la maison indiquée par le brigadier comme devant être celle du chef touareg.

« C’est Hadjar… c’est lui ! s’écria le capitaine Hardigan. Je le reconnais…

— Vous avez raison, mon capitaine, répondit Pistache, et je le reconnais aussi. »

C’était Hadjar, en effet, avec sa mère Djemma, son frère Sohar, et, dès leur entrée sur la place, ils furent acclamés.

Puis le silence se fit. Hadjar, entouré de la foule, prit la parole, et, pendant une heure, parfois interrompu par des clameurs enthousiastes, il harangua cette masse d’indigènes. Mais les dis-