Page:Verne - L’Invasion de la mer.djvu/208

Cette page a été validée par deux contributeurs.

XIV

en captivité.


L’habitation dans laquelle furent conduits les prisonniers de Sohar était l’ancien bordj de la bourgade. Depuis nombre d’années déjà il tombait en ruine. Ses murailles délabrées couronnaient un tertre de moyenne altitude sur la lisière septentrionale de l’oasis. Jadis, ce château, un simple fort, avait servi aux Touareg de Zenfig, lors des grandes luttes que les tribus soutinrent entre elles dans toute la région du Djerid. Mais, après la pacification, on ne s’était plus occupé ni de le réparer ni de l’entretenir en bon état.

Un « sour » ébréché en maint endroit, servait d’enceinte à ce bordj qu’une « souma’ah », sorte de minaret décoiffé de son extrême pointe, surmontait encore et d’où la vue pouvait largement s’étendre en tous sens.

Cependant, si délabré qu’il fût, le bordj offrait encore quelques parties habitables au centre de la construction. Deux ou trois salles accédant sur une cour intérieure, sans meubles, sans tentures, séparées par d’épaisses parois, pouvaient abriter contre les rafales de la bonne et les froids de la mauvaise saison.

C’est là que l’ingénieur, le capitaine Hardigan, le brigadier Pistache, M. François et les deux spahis furent conduits dès leur arrivée à Zenfig.

Hadjar ne leur avait point adressé une seule parole, et Sohar, qui les amena au bordj sous l’escorte d’une douzaine de Touareg, ne répondit à aucune de leurs questions.