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l’oasis de zenfig.

trois à quatre cents indigènes d’origine touareg, une des tribus les plus inquiétantes du Sahara. Les maisons de la bourgade, au nombre d’une centaine, meublaient toute cette partie de l’oasis qui allait devenir un littoral. Vers le centre et en dehors, latéralement, s’étendaient des champs cultivés, des pâturages qui assuraient l’alimentation de cette tribu et de ses animaux domestiques. Un oued destiné à devenir un bras de la mer nouvelle, accru de petits rios de l’île, suffisait aux besoins de la population.

Il a été dit que l’oasis de Zenfig n’avait que de rares rapports avec les autres oasis de la province de Constantine. Seuls s’y ravitaillaient les Touareg nomades qui couraient le désert. Elle était redoutée et redoutable. Les caravanes évitaient, autant que possible, de passer à proximité. Mais que de fois des bandes, sorties de Zenfig, vinrent les attaquer dans les environs du Melrir !

À noter que les approches de l’oasis étaient des plus difficiles, des plus dangereuses. Le long de l’Hinguiz, le sol du chott ne présentait aucune solidité. Partout des sables mouvants où une kafila se fût enlisée tout entière. À travers ces surfaces constituées par le terrain pliocène, sables imprégnés de gypse et de sel, à peine quelques sentes praticables uniquement connues des habitants, et qu’il fallait suivre pour atteindre l’oasis, sous peine d’être englouti dans les fondrières. Il était évident que l’Hinguiz deviendrait aisément accostable lorsque les eaux recouvriraient cette croûte molle où le pied ne pouvait trouver un sûr appui. Mais c’est bien ce que les Touareg ne voulaient point permettre. Aussi là se trouvait le foyer le plus actif, le plus brûlant de l’opposition. De Zenfig partaient d’incessants appels à cette « guerre sainte » contre les étrangers.

Entre les diverses tribus du Djerid, celle de Zenfig tenait le premier rang, et l’influence qu’elle exerçait sur la confédération ne laissait pas d’être grande. Elle pouvait l’étendre en pleine