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terranée. En réalité, la nouvelle mer occuperait huit mille kilomètres carrés dans le cadre des deux chotts, et cinq mille émergeraient après le complet remplissage du Rharsa et du Melrir.

Ces parties non inondées deviendraient donc des îles. Elles formeraient à l’intérieur du Melrir comme une sorte d’archipel comprenant deux grandes îles. La première, nommée l’Hinguiz, figurerait un rectangle coudé au milieu du chott qu’il diviserait en deux parties, l’autre occuperait l’extrême portion comprise entre les deux côtés de l’angle droit près de Strarie. Quant aux îlots, c’est principalement vers le sud-est qu’ils se rangeraient en lignes parallèles. Lorsque les navires se hasarderaient à travers les passes de cet archipel, ils devraient s’en rapporter sévèrement aux levées hydrographiques établies pour diminuer les risques de cette dangereuse navigation.

L’étendue des deux chotts que les eaux allaient recouvrir renfermait quelques oasis avec leurs dattiers et leurs champs. Il va de soi que ces propriétés avaient dû être rachetées à leurs détenteurs. Mais, ainsi que l’avait estimé le capitaine Roudaire, l’indemnité n’avait pas dépassé cinq millions de francs, à la charge de la Compagnie Franco-étrangère qui comptait s’en dédommager sur les deux millions cinq cent mille hectares de terres et de forêts dont le gouvernement lui avait fait cession.

Entre les diverses oasis du Melrir, l’une des plus importantes occupait de trois à quatre kilomètres superficiels au milieu de l’Hinguiz dans sa partie exposée au nord. Ce seraient donc les eaux septentrionales du chott qui en baigneraient la lisière après l’inondation. Cette oasis était riche de ces palmiers dattiers de la meilleure espèce, dont les fruits exportés par les kafila sont recherchés sur les marchés du Djerid. Elle avait nom Zenfig, et ses rapports avec les principales bourgades : La Hammâ, Nefta, Tozeur, Gabès, se réduisaient à la visite de rares caravanes pendant la saison des récoltes.

Sous les grands arbres de Zenfig s’abritait une population de