Page:Verne - L’Invasion de la mer.djvu/19

Cette page a été validée par deux contributeurs.
7
l’oasis de gabès.

prudence s’imposait, et mieux valait ne point être rencontré aux approches de la bourgade.

Et, d’ailleurs, avec quelle inquiétude leurs regards se portaient du côté de la mer ! Ce qu’ils craignaient, c’était l’arrivée, ce soir même, du croiseur, et le transfèrement du prisonnier à bord de ce navire, avant que l’évasion eût pu s’accomplir. Ils cherchaient à voir si quelque feu blanc apparaissait dans le golfe de la Petite-Syrte, à entendre les hennissements de vapeur, les gémissements stridents de sirène qui signalent un bâtiment venant au mouillage. Non, seuls les fanaux des bateaux de pêche se reflétaient dans les eaux tunisiennes, et aucun sifflement ne déchirait l’air.

Il n’était pas huit heures, lorsque Djemma et son fils atteignirent la rive de l’oued. Encore dix minutes et ils seraient au rendez-vous.

À l’instant où tous les deux allaient s’engager sur la rive droite, un homme, tapi derrière les cactus de la berge, se dressa à demi et prononça ce nom :

« Sohar ?…

— C’est toi, Ahmet ?…

— Oui… et ta mère ?…

— Elle me suit.

— Et nous te suivons, dit Djemma.

— Quelles nouvelles ?… demanda Sohar.

— Aucune… répondit Ahmet.

— Nos compagnons sont là ?…

— Ils vous attendent.

— Personne n’a eu l’éveil au bordj ?…

— Personne.

— Hadjar est prêt ?…

— Oui.

— Et comment l’a-t-on vu ?…

— Par Harrig, mis en liberté ce matin, et qui se trouve maintenant avec les compagnons…