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une excursion de douze heures.

de Mézaki, et cet effort, Nicol n’aurait pu le demander à son cheval, rompu de fatigue comme les autres.

C’est alors que le lieutenant Villette se demanda si un malheur n’était pas arrivé, si, pendant qu’il remontait vers Gizeb, quelque danger ne menaçait pas l’ingénieur, le capitaine Hardigan, et les hommes restés à Goléah. L’inexplicable disparition de l’Arabe rendait plausibles toutes les hypothèses, et le détachement n’avait-il pas eu affaire à un traître, ainsi que le répétait Nicol ?…

« Au campement, commanda le lieutenant Villette, et aussi vite que possible ! »

En ce moment, l’orage faisait encore rage, bien que le vent fût à peu près calmé, comme on l’a vu plus haut ; mais la pluie, de plus en plus violente, creusait de larges et nombreuses fondrières à la surface du sol. Il faisait pour ainsi dire nuit noire, bien que le soleil eût à peine disparu derrière l’horizon. Se diriger vers l’oasis devenait difficile et aucun feu n’indiquait la position du campement.

Et, cependant, c’était là une précaution que l’ingénieur n’eût point négligée pour assurer le retour du lieutenant. Le combustible ne manquait pas… Le bois mort abondait dans l’oasis… Malgré le vent, malgré la pluie, on aurait pu entretenir un foyer dont l’éclat eût été visible à moyenne distance, et la petite troupe ne devait plus être qu’à un demi-kilomètre.

Aussi de quelles craintes était assiégé le lieutenant Villette, craintes que partageait le maréchal des logis-chef et dont il dit un mot à l’officier.

« Marchons, répondit celui-ci, et Dieu veuille que nous n’arrivions pas trop tard !… »

Or, précisément, la direction suivie n’avait pas été exactement la bonne, et c’est sur la gauche de l’oasis que la petite troupe atteignit le chott. Il fut nécessaire de revenir vers l’est en longeant sa rive septentrionale, et, il n’était pas moins de huit heures et demie, lorsque l’on fit halte à l’extrémité du Melrir.