Page:Verne - L’Invasion de la mer.djvu/168

Cette page a été validée par deux contributeurs.
150
l’invasion de la mer

— Non, répondit l’indigène, et l’on ne peut se tromper, puisqu’il n’y a qu’à remonter l’oued jusqu’à Gizeb…

— Nous devrions maintenant l’avoir en vue, puisque rien ne gêne le regard… observa l’officier.

— Voici », se contenta de répondre Mézaki, en tendant la main vers l’horizon.

En effet, quelques massifs se dessinaient alors à la distance d’une lieue. C’étaient les premiers arbres de l’oasis et en un temps de galop la petite troupe en aurait atteint la lisière. Mais demander aux chevaux ce dernier effort, c’était impossible, et Va-d’l’avant lui-même eût mérité d’être appelé « Va-d’l’arrière », quelle que fût son endurance, tant il se traînait lourdement sur le sol.

Aussi était-il près de onze heures lorsque le lieutenant dépassa la lisière de l’oasis.

Ce qui pouvait paraître assez étonnant, c’est que la petite troupe n’eût pas été aperçue, et de loin, sur cette plaine, par le chef de chantier et ses compagnons, lesquels, au dire de Mézaki, devaient l’attendre à Gizeb. Et, comme le lieutenant en faisait la remarque :

« Est-ce qu’ils ne seraient plus là ? répondit l’Arabe, qui feignit tout au moins la surprise.

— Et pourquoi n’y seraient-ils plus ?… demanda l’officier.

— C’est ce que je ne m’explique pas, déclara Mézaki. Ils y étaient encore hier… Peut-être, après tout, par crainte de l’orage, auront-ils cherché refuge au milieu de l’oasis !… Mais je saurai bien les y retrouver…

— En attendant, mon lieutenant, dit le maréchal des logis-chef, je crois qu’il sera bon de laisser souffler nos hommes…

— Halte ! » commanda l’officier.

À cent pas de là s’ouvrait une sorte de clairière entourée de hauts palmiers où les chevaux pourraient se refaire. Il n’y avait point à craindre qu’ils voulussent en sortir et, quant à l’eau, elle