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l’invasion de la mer

— Oui… là où je l’ai laissée, et où il est convenu que Pointar doit m’attendre… En pressant nos chevaux, nous serons arrivés dans deux heures. »

Hâter la marche n’était guère possible par cette accablante chaleur et le maréchal des logis-chef en fit l’observation. Du reste, même à une allure modérée, l’oasis serait atteinte pour midi, et, après un repos de quelques heures, le lieutenant aurait regagné Goléah avant la nuit.

Il est vrai, à mesure que montait le soleil, à travers les buées chaudes de l’horizon, la chaleur devenait de plus en plus intense et les poumons ne respiraient qu’un air embrasé.

« De par tous les diables, mon lieutenant, répétait le marchef, je ne crois pas avoir jamais eu si chaud depuis que je suis africain !… C’est du feu qu’on respire et l’eau qu’on avalerait se mettrait à vous bouillir dans l’estomac !… Et encore, si, comme Coupe-à-cœur, on pouvait se soulager en tirant la langue !… Le voyez-vous avec sa loque rouge qui lui pend jusqu’au poitrail…

— Faites-en autant, maréchal des logis, répondit en souriant le lieutenant Villette, faites-le, bien que ce ne soit pas d’ordonnance !…

— Ouf !… je n’en aurais que plus chaud, répliqua Nicol. Mieux vaudrait fermer la bouche et s’interdire de respirer !… Mais le moyen !…

— Certainement, observa le lieutenant, cette journée ne finira pas sans que l’orage ait éclaté…

— Je le pense », répondit Mézaki, lequel, en qualité d’indigène, souffrait moins de ces températures excessives si fréquentes au désert.

Et il ajouta :

« Peut-être serons-nous auparavant à Gizeb… Là… on trouvera l’abri de l’oasis et nous pourrons laisser passer l’orage…

— C’est à souhaiter, reprit le lieutenant. À peine si les