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une excursion de douze heures.

Un cheval avait été donné à Mézaki, et l’on vit qu’il était bon cavalier, comme le sont tous les Arabes. Il trottait en tête, près du lieutenant et du maréchal des logis-chef, en direction du nord-est qu’il prit dès que l’oasis eut été laissée en arrière.

Une longue plaine semée çà et là de maigres bouquets d’arbres, et que sillonnait le ruisseau, s’étendait à perte de vue. C’était bien l’« outtâ » algérienne dans toute son aridité. À peine quelques touffes jaunâtres de drif émergeaient de ce sol surchauffé, où les grains de sable brillaient comme des gemmes sous les rayons du soleil.

Cette portion du Djerid était entièrement déserte. Aucune caravane ne la traversait alors pour gagner quelque importante ville saharienne, Ouargla ou Touggourt sur la limite du désert. Nulle harde de ruminants ne venait se plonger dans les eaux de l’oued. Ce que faisait précisément Coupe-à-cœur, sur lequel Va-d’l’avant jetait des regards d’envie lorsqu’il le voyait bondir tout ruisselant de gouttelettes.

C’était la rive gauche de ce cours d’eau que remontait la petite troupe. Et à une question posée par l’officier, Mézaki avait répondu :

« Oui… nous suivrons l’oued jusqu’à l’oasis de Gizeb, qu’il traverse dans toute sa longueur…

— Est-ce que cette oasis est habitée ?…

— Non, répondit l’indigène. Aussi, en quittant la bourgade de Zeribet, avons-nous dû emporter des vivres, puisqu’il ne restait plus rien au chantier de Goléah…

— Ainsi, dit le lieutenant Villette, l’intention de Pointar, votre chef, était bien de revenir sur la section au rendez-vous donné par l’ingénieur…

— Sans doute, déclara Mézaki, et j’étais venu m’assurer si les Berbères l’avaient ou non abandonnée…

— Tu es certain que nous retrouverons l’équipe à Gizeb…