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le chott rharsa.

— Je le pense, répondit le chef. Ces coquins auront regagné quelque bourgade de l’ouest, et dans trois ou quatre jours nous serons à Tozeur. »

Le chef rassembla alors tout son monde. Les chameaux qui s’étaient dispersés revenaient déjà à leur rang ; la caravane se reconstitua, n’ayant pas perdu un seul homme, avec quelques blessés et encore peu grièvement, qui pouvaient continuer la route. Puis, après avoir une dernière fois remercié le capitaine Hardigan et ses compagnons, le chef donna le signal du départ. Toute la kafila se remit en marche.

En quelques minutes, hommes et bêtes eurent disparu au tournant d’un « tarf », pointe sablonneuse qui s’allongeait sur le chott, et les cris du chef de la kafila, pressant les chameliers, se perdaient, peu à peu, dans l’éloignement.

Lorsque l’ingénieur et les deux officiers se trouvèrent réunis, après cette algarade qui pouvait être grosse de conséquences, ils se communiquèrent leurs impressions, sinon leurs soucis qu’un incident venait de faire naître, et ce fut M. de Schaller qui prit le premier la parole :

« Voici donc que Hadjar a reparu dans le pays !… dit l’ingénieur.

— On devait s’y attendre, répondit le capitaine, et il est à désirer qu’on ait achevé d’inonder les chotts le plus tôt possible ! C’est le seul moyen d’en finir avec ces malfaiteurs du Djerid !…

— Par malheur, fit observer le lieutenant Villette, quelques années se passeront avant que les eaux du golfe aient rempli le Rharsa et le Melrir…

— Qui sait ?… » prononça M. de Schaller.

Pendant la nuit suivante, le campement ne fut point troublé par les Touareg qui ne reparurent pas aux environs.

Dans l’après-midi du lendemain, 10 avril, le détachement fit halte à l’endroit où commençait le second canal qui réunissait les deux chotts.