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l’invasion de la mer

Le mouvement qui se produisait au milieu de ce tourbillon devenait plus fort à mesure que les volutes de poussière se rapprochaient. Mais il était difficile d’en déterminer la cause. Quelque vif que fût leur regard, ni M. de Schaller, ni les officiers, ni personne du détachement n’aurait pu affirmer si cette agitation provenait d’une caravane en marche ou d’un troupeau fuyant quelque danger à travers cette partie du chott.

Deux ou trois minutes plus tard, il n’existait aucune incertitude sur ce point. Des éclairs jaillissaient du nuage et des détonations éclataient, dont les fumées se mêlaient au tourbillon de poussière.

En même temps, Coupe-à-cœur, que son maître ne put arrêter, lui échappa, aboyant avec fureur.

« Des coups de feu ! s’écria le lieutenant Villette.

— Sans doute quelque caravane qui se défend contre une attaque de fauves…, dit l’ingénieur.

— Ou plutôt contre des pillards, reprit le lieutenant, car les détonations semblent se répondre…

— En selle ! » commanda le capitaine Hardigan.

Un instant après les spahis, contournant le bord du Rharsa, se dirigeaient vers le théâtre de la lutte.

Peut-être y avait-il imprudence, ou tout au moins témérité, à engager les quelques hommes de l’escorte dans cette affaire dont on ne connaissait pas la cause. Probablement une bande de ces pillards du Djerid, qui pouvait être nombreuse. Mais le capitaine Hardigan et son détachement n’en étaient pas à regarder au danger. Si, comme il y avait lieu de le supposer, des Touareg ou autres nomades de la région attaquaient une kafila, il était de l’honneur d’un soldat de courir à son secours. Aussi, tous, enlevant leurs chevaux, précédés du chien que Nicol ne cherchait plus à rappeler, abandonnant la lisière des dunes, s’élancèrent-ils à travers le chott.

La distance, on l’a dit, ne paraissait pas mesurer plus de trois kilomètres, et les deux tiers furent franchis en dix minutes. Les