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le chott rharsa.

journée, le capitaine Hardigan et ses hommes s’étaient remis en marche sous un soleil brûlant. Ils se dirigeaient vers l’extrême courbure que dessine le Rharsa, quelques kilomètres plus loin, à son extrémité occidentale. Le sol remontait sensiblement alors ; le relief des dunes s’accusait plus fortement et ce n’est pas de ce côté que le cadre du chott pourrait jamais être forcé par les nouvelles eaux.

En s’élevant, on parcourait du regard un plus large secteur dans le sens du nord et de l’ouest. La dépression étincelait sous les rayons solaires. Chaque gravier de ce sol salin devenait un point lumineux. Sur la gauche, prenait naissance le second canal qui mettait en communication le Rharsa et le Melrir.

L’ingénieur, les deux officiers avaient mis pied à terre. L’escorte les suivait en tirant les chevaux par le bridon.

À un instant où tous s’étaient arrêtés sur un plateau de la dune, voici que le lieutenant Villette dit, en tendant la main :

« Il me semble bien apercevoir une troupe en mouvement dans le fond du chott…

— Une troupe… ou un troupeau, répondit le capitaine Hardigan.

— Il est difficile de se prononcer, étant donnée la distance », ajouta M. de Schaller.

Le certain, c’est que de ce côté, à trois ou quatre kilomètres environ, un épais nuage de poussière se déroulait à la surface du Rharsa. Peut-être n’était-ce là qu’une bande de ruminants en marche vers le nord du Djerid.

Au surplus, le chien donnait des signes non équivoques, sinon d’inquiétude, du moins d’attention, et le marchef de lui crier :

« Allons, Coupe-à-cœur, du nez et des oreilles… Qu’est-ce qu’il y a là-bas ?… »

L’animal aboya violemment, les pattes raidies, la queue battante, et fut sur le point de s’élancer à travers le chott.

« Tout beau… tout beau ! » fit Nicol en le retenant près de lui.