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tozeur et nefta.

Si le palmier est, par excellence, l’arbre de la région, le sol de l’oasis est d’une fertilité merveilleuse, et les jardins s’embellissent ou s’enrichissent des produits végétaux les plus variés. L’oued Berkouk promène ses eaux vivifiantes à travers la campagne environnante, soit par son lit principal, soit par les multiples petits courants qui en dérivent. Et n’y a-t-il pas de quoi provoquer l’admiration, à voir un haut palmier abriter un olivier de taille moyenne, qui abrite un figuier, qui abrite un grenadier, sous lequel serpente la vigne, dont les sarments se glissent entre les rangs de blé, de légumes et de plantes potagères ?…

Pendant la soirée que M. de Schaller, le capitaine Hardigan et le lieutenant Villette passèrent dans la grande salle de la kasbah, après l’invitation du commandant de la place, la conversation roula tout naturellement sur l’état actuel des travaux, sur la prochaine inauguration du canal, sur les avantages qui résulteraient pour la région de cette inondation des deux chotts tunisiens. Et, à ce propos, le commandant de dire :

« Il n’est que trop vrai, les indigènes se refusent à reconnaître que le Djerid doive bénéficier dans une mesure considérable de la mer Saharienne. J’ai eu occasion de causer avec des chefs arabes. Eh bien, à peu d’exceptions, ils se montrent hostiles au projet, et je n’ai pu leur faire entendre raison ! Ce qu’ils craignent, c’est un changement de climat, dont les produits des oasis et principalement les palmeraies, auraient à souffrir. Cependant, tout démontre le contraire… les savants les plus autorisés n’ont aucun doute à cet égard ; ce sera la richesse que le canal apportera à cette contrée avec les eaux de la mer. Mais ces indigènes s’entêtent et ne veulent point se rendre ! »

Le capitaine Hardigan demanda alors :

« Est-ce que cette opposition ne vient pas plutôt des nomades que des sédentaires ?…

— Assurément, répondit le commandant, car la vie de ces nomades ne pourra plus être ce qu’elle a été jusqu’ici… Entre