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tozeur et nefta.

fabrication des burnous, des couvertures et des tapis. Mais, ainsi qu’il a été indiqué, les caravanes y affluent et les fruits du palmier-dattier en sont exportés par millions de kilogrammes. Peut-être s’étonnera-t-on que l’instruction soit relativement très en honneur dans cette lointaine bourgade du Djerid. Il n’en est pas moins vrai que les enfants, au nombre de près de six cents, fréquentent dix-huit écoles et onze zaouias. Quant aux ordres religieux, ils sont nombreux dans l’oasis.

Mais si Tozeur n’était pas faite pour exciter la curiosité de M. de Schaller, au point de vue purement forestier et à celui de ses belles oasis, celle-ci était bien plus vivement sollicitée par le canal dont le chenal passait à quelques kilomètres en se dirigeant vers Nefta. En revanche, c’était la première fois que le capitaine Hardigan et le lieutenant Villette visitaient cette ville. La journée qu’ils y passèrent eût satisfait les plus curieux touristes. Rien de charmant comme certaines places, certaines rues bordées de maisons ou les briques de couleurs se disposent en dessins d’une originalité surprenante. C’est là ce qui doit attirer le regard des artistes, plutôt que les vestiges de l’occupation romaine qui sont peu importants à Tozeur.

Dès le lendemain à la première heure, sous-officiers et soldats avaient permission du capitaine Hardigan de vaquer à leur fantaisie à travers l’oasis, pourvu que tout le monde fût présent aux deux appels de midi et du soir. On ne devait pas plus d’ailleurs s’aventurer au-dehors que ne le faisait le poste militaire établi dans la bourgade sous les ordres d’un officier supérieur commandant la place. Plus que jamais il y avait à tenir compte de cette surexcitation que la reprise des travaux et la prochaine inondation des chotts provoqueraient parmi les tribus sédentaires ou nomades du Djerid.

Il va de soi que le maréchal des logis-chef Nicol et le brigadier Pistache se promenaient ensemble dès l’aube. Si Va-d’l’avant n’avait pas quitté l’écurie où le fourrage lui montait jusqu’à mi-jambes,