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VII

tozeur et nefta.


« Ici, disait ce soir-là le marchef Nicol au brigadier Pistache et à M. François, nous sommes dans le pays des dattes par excellence, en véritable « Datterie », comme l’appelle mon capitaine, et comme le nommeraient mes camarades Va-d’l’avant et Coupe-à-cœur, s’ils avaient reçu le don de la parole…

— Bon, répondit Pistache, les dattes sont partout les dattes, et qu’on les cueille à Gabès ou à Tozeur, pourvu qu’elles proviennent d’un dattier… N’est-il pas vrai, monsieur François ?… »

On disait toujours « monsieur François » quand on s’adressait à ce personnage. Son maître lui-même ne s’exprimait pas autrement, et M. François y tenait dans sa dignité naturelle.

« Je ne saurais me prononcer, répondit-il d’une voix grave, en passant la main sur son menton qu’il raserait le lendemain dès la première heure. J’avoue ne point avoir un goût prononcé pour ce fruit, bon pour des Arabes et non pour les Normands dont je suis…

— Eh bien, vrai, vous êtes difficile, monsieur François, s’écria le marchef, bon pour des Arabes ! Vous voulez dire trop bon pour eux, car ils sont incapables de l’apprécier comme il le mérite !… Des dattes ! mais poires, pommes, raisins, oranges, je donnerais pour elles tous les fruits de France !…

— Eh ! ils ne sont pourtant point à dédaigner… déclara Pistache, en glissant sa langue entre ses lèvres.

— Pour parler ainsi, reprit Nicol, il faut n’avoir jamais goûté