Page:Verne - L’Archipel en feu, 1884.djvu/97

Cette page a été validée par deux contributeurs.

89
LA CÔTE MESSÉNIENNE.

vastée ; en ruine encore, ses maisons et ses édifices publics !

« On voit bien que nos amis les Égyptiens ont passé là ! murmura Nicolas Starkos, qui n’éprouva même pas un serrement de cœur devant cette scène de désolation.

— Et maintenant, les Turcs y sont les maîtres ! répondit le maître d’équipage.

— Oui… pour longtemps… et même, il faut l’espérer, pour toujours ! ajouta le capitaine.

— La Karysta accostera-t-elle, ou laissons-nous porter ? »

Nicolas Starkos observa attentivement le port, dont il n’était plus éloigné que de quelques encâblures. Puis, ses regards se dirigèrent vers la ville même, bâtie un mille en arrière, sur un contrefort du mont Psykhro. Il semblait hésiter sur ce qu’il conviendrait de faire en vue d’Arkadia : accoster le môle, ou reprendre le large.

Le maître d’équipage attendait toujours que le capitaine répondît à sa proposition.

« Envoyez le signal ! » dit enfin Nicolas Starkos.

La flamme rouge à croissant d’argent monta au bout de l’antenne et se déroula dans l’air.

Quelques minutes après, une flamme pareille flottait à l’extrémité d’un mât élevé sur le musoir du port.