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la côte messénienne.

meilleur des pilotes de la rade, rangea hardiment les roches escarpées de la pointe de l’île et doubla le promontoire de Coryphasion. Puis, ayant aperçu en dehors plusieurs escadres au mouillage — une trentaine de bâtiments français, anglais et russes — il les évita prudemment, remonta pendant la nuit le long de la côte messénienne, se glissa entre la terre et l’île de Prodana, et, le matin venu, la sacolève, enlevée par une fraîche brise du sud-est, suivait les sinuosités du littoral sur les paisibles eaux du golfe d’Arkadia.

Le soleil montait alors derrière la cime de cet Ithôme, d’où le regard, après avoir embrassé l’emplacement de l’ancienne Messène, va se perdre, d’un côté, sur le golfe de Coron, et de l’autre, sur le golfe auquel la ville d’Arkadia a donné son nom. La mer brasillait par longues plaques que ridait la brise aux premiers rayons du jour.

Dès l’aube, Nicolas Starkos manœuvra de manière à passer aussi près que possible en vue de la ville située sur une des concavités de la côte qui s’arrondit en formant une large rade foraine.

Vers dix heures, le maître d’équipage vint à l’arrière de la sacolève, et se tint devant le capitaine dans l’attitude d’un homme qui attend des ordres.