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– Rien… pas plus que dans les eaux de l’Adriatique, si la fantaisie du capitaine nous emmène de ce côté ! Donc, jusqu’à nouvel ordre, nous voilà d’honnêtes marins, à bord d’une honnête sacolève, courant honnêtement la mer Ionienne ! Mais, ça changera !

– Et le plus tôt sera le mieux ! »

On le voit, les nouveaux embarqués, aussi bien que les autres marins de la Karysta, n’étaient point gens à bouder devant la besogne, quelle qu’elle fût. Des scrupules, des remords, même de simples préjugés, il ne fallait rien demander de tout cela à cette population maritime du bas Magne. En vérité, ils étaient dignes de celui qui les commandait, et celui-là savait qu’il pouvait compter sur eux. Mais, si ceux de Vitylo connaissaient le capitaine Starkos, ils ne connaissaient point son second, tout à la fois officier de marine et homme d’affaires – son âme damnée, en un mot. C’était un certain Skopélo, originaire de Cérigotto, petite île assez mal famée, située sur la limite méridionale de l’Archipel, entre Cérigo et la Crète. C’est pourquoi l’un des nouveaux, s’adressant au maître d’équipage de la Karysta :

« Et le second ? demanda-t-il.

– Le second n’est point à bord, fut-il répondu.