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TRISTE MAISON D’UN RICHE.

présent qu’ils voulurent envisager avec sang-froid. Tous deux en calculèrent les chances, bonnes ou mauvaises, mais sans découragement, sans faiblesse. Et, en parlant ainsi, ils ne cessaient de s’exalter pour cette cause, à laquelle Henry d’Albaret allait encore se dévouer.

Un soir, le 20 octobre, pour la dernière fois, ils se redisaient ces choses, mais avec plus d’émotion peut-être. C’était le lendemain que le jeune officier devait partir.

Soudain, Xaris entra dans la salle. Il ne pouvait parler. Il était haletant. Il avait couru, et quelle course ! En quelques minutes, ses robustes jambes l’avaient ramené, à travers toute la ville, depuis la citadelle jusqu’à l’extrémité de la Strada Reale.

« Eh bien, que veux-tu ?… Qu’as-tu, Xaris ?… Pourquoi cette émotion ?… demanda Hadjine.

— Ce que j’ai… ce que j’ai !… Une nouvelle !… Une importante… une grave nouvelle !

— Parlez !… parlez !… Xaris ! dit à son tour Henry d’Albaret, ne sachant s’il devait se réjouir ou s’inquiéter.

— Je ne peux pas !… Je ne peux pas ! répondait Xaris, que son émotion étranglait positivement.

— S’agit-il donc d’une nouvelle de la guerre ? demanda la jeune fille, en lui prenant la main.