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l’archipel en feu.

reux, puisqu’il devait faire le bonheur de sa fille.

Tout cela fut dit assez froidement, mais l’important était que cela eût été dit. Henry d’Albaret avait maintenant la parole d’Elizundo, et, en échange, le banquier reçut de sa fille un remerciement qu’il prit avec sa réserve accoutumée.

Tout semblait donc aller pour la plus grande satisfaction des deux jeunes gens, et, il faut ajouter, pour le plus parfait contentement de Xaris. Cet excellent homme pleura comme un enfant, et il eût volontiers pressé le jeune officier sur sa poitrine !

Cependant, Henry d’Albaret n’avait plus que peu de temps à rester près d’Hadjine Elizundo. C’était sur un brick levantin qu’il avait pris la résolution de s’embarquer, et ce brick devait quitter Corfou, le 21 du mois, à destination d’Hydra.

Ce que furent ces derniers jours qui se passèrent dans la maison de la Strada Reale, on le devine sans qu’il soit nécessaire d’y insister. Henry d’Albaret et Hadjine ne se quittèrent pas d’une heure. Ils causaient longuement dans la salle basse, au rez-de-chaussée de la triste habitation. La noblesse de leurs sentiments donnait à ces entretiens un charme pénétrant qui en adoucissait la note un peu sérieuse. L’avenir, ils se disaient qu’il était à eux, si le présent, pour ainsi dire, leur échappait encore. Ce fut donc ce