Page:Verne - L’Archipel en feu, 1884.djvu/78

Cette page a été validée par deux contributeurs.

70
L’ARCHIPEL EN FEU.

cause de l’indépendance. La convention de Londres n’avait encore produit aucun effet utile, et l’on pouvait se demander si les puissances ne s’en tiendraient pas, vis-à-vis du sultan, à des observations purement officieuses, et par conséquent toutes platoniques.

D’ailleurs, les Turcs, infatués de leurs succès, paraissaient assez peu disposés à rien céder de leurs prétentions. Bien que deux escadres, l’une anglaise, commandée par l’amiral Codrington, l’autre française, sous les ordres de l’amiral de Rigny, parcourussent alors la mer Égée, et, bien que le gouvernement grec fût venu s’installer à Égine pour y délibérer dans de meilleures conditions de sécurité, les Turcs faisaient preuve d’une opiniâtreté qui les rendait redoutables.

On le comprenait, du reste, en voyant toute une flotte de quatre-vingt-douze navires ottomans, égyptiens et tunisiens, que la vaste rade de Navarin venait de recevoir à la date du 7 septembre. Cette flotte portait un immense approvisionnement qu’Ibrahim allait prendre pour subvenir aux besoins d’une expédition qu’il préparait contre les Hydriotes.

Or, c’était à Hydra qu’Henry d’Albaret avait résolu de rejoindre le corps des volontaires. Cette île, située à l’extrémité de l’Argolide, est l’une des plus riches de l’Archipel. De son sang, de son argent, après avoir