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TRISTE MAISON D’UN RICHE.

dans ces luttes sanglantes, et ceux de ces femmes que, libre d’elle-même, Hadjine Elizundo eût voulu imiter, — Bobolina, Modena, Zacharias, Kaïdos, sans oublier cette courageuse Andronika que le jeune officier avait arrachée au massacre de Chaidari.

Et même, un jour, Henry d’Albaret, ayant prononcé le nom de cette femme, Elizundo, qui écoutait cette conversation, fit un mouvement de nature à attirer l’attention de sa fille.

« Qu’avez-vous, mon père ? demanda-t-elle.

— Rien », répondit le banquier.

Puis, s’adressant au jeune officier du ton d’un homme qui veut paraître indifférent à ce qu’il dit :

« Vous avez connu cette Andronika ? demanda-t-il.

— Oui, monsieur Elizundo.

— Et savez-vous ce qu’elle est devenue ?

— Je l’ignore, répondit Henry d’Albaret. Après le combat de Chaidari, je pense qu’elle a dû regagner les provinces du Magne qui est son pays natal. Mais, un jour ou l’autre, je m’attends à la voir reparaître sur les champs de bataille de la Grèce…

— Oui ! ajouta Hadjine, là où il faut être ! »

Pourquoi Elizundo avait-il fait cette question à propos d’Andronika ? Personne ne le lui demanda. Il n’eût certainement répondu que d’une façon évasive. Mais cela ne laissa pas de préoccuper sa fille, peu au