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TRISTE MAISON D’UN RICHE.

mienne, et il ne faut pas oublier que, si ce jeune officier a souffert, c’est en combattant pour elle !

— Il m’aime ! » dit-elle un jour à Xaris.

Et cela, la jeune fille le dit avec la simplicité qu’elle mettait en toutes choses.

« Eh bien, il faut te laisser aimer ! répondit Xaris. Ton père vieillit, Hadjine ! Moi, je ne serai pas toujours là !… Où trouverais-tu, dans la vie, un plus sûr protecteur qu’Henry d’Albaret ? »

Hadjine n’avait rien répondu. Il aurait fallu dire que, si elle se savait aimée, elle aimait aussi. Une réserve toute naturelle lui défendait d’avouer ce sentiment, même à Xaris.

Cependant, les choses en étaient là. Ce n’était plus un secret pour personne dans la société corfiote. Avant même qu’il en eût été officiellement question, on parlait du mariage d’Henry d’Albaret et d’Hadfjine Elizundo, comme s’il eût été décidé.

Il convient de faire observer que le banquier n’avait point paru regretter les assiduités du jeune officier auprès de sa fille. Ainsi que le disait Xaris, il se sentait vieillir, et rapidement. Quelle que fût la sécheresse de son cœur, il devait craindre qu’Hadjine ne restât seule dans la vie, bien qu’il sût à quoi s’en tenir sur la fortune dont elle hériterait. Cette question d’argent, d’ailleurs, n’avait jamais été pour