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L’ARCHIPEL EN FEU.

indomptable au monastère Sainte-Vénérande ; Moskos, sa mère, luttant aux côtés de son époux, et écrasant les Turcs sous des quartiers de roche ; Despo, qui pour ne pas tomber aux mains des musulmans, se fit sauter avec ses filles, ses belles-filles et ses petits-fils. Et les femmes Souliotes, et celles qui protégèrent le nouveau gouvernement, installé à Salamine, en lui prenant la flottille qu’elles commandaient, et cette Constance Zacharias, qui, après avoir donné le signal du soulèvement dans les plaines de Laconie, se jeta sur Léondari à la tête de cinq cents paysans, et tant d’autres, enfin, dont le sang généreux ne fut point épargné dans cette guerre, pendant laquelle on put voir de quoi étaient capables les descendantes des Hellènes !

Ainsi avait fait la veuve de Starkos. Ainsi, sous le seul nom d’Andronika, — n’ayant plus voulu de celui que déshonorait son fils, — se laissa-t-elle emporter dans le mouvement par un irrésistible instinct de représailles autant que par amour de l’indépendance. Comme Bobolina, veuve d’un époux supplicié pour avoir tenté de défendre son pays, comme Modena, comme Zacharias, si elle ne put à ses frais armer des navires ou lever des compagnies de volontaires, du moins paya-t-elle de sa personne au milieu des grands drames de cette insurrection.