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L’ARCHIPEL EN FEU.

Nicolas Starkos ne s’attendait pas à se voir en présence de sa mère… Il fut épouvanté par cette apparition.

Andronika, le bras tendu vers son fils, lui interdisant l’accès de sa maison, ne dit que ces mots d’une voix qui les rendait terribles, venant d’elle :

« Jamais Nicolas Starkos ne remettra le pied dans la maison du père !… Jamais ! »

Et le fils, courbé sous cette injonction, recula peu à peu. Celle qui l’avait porté dans ses entrailles le chassait maintenant comme on chasse un traître. Alors il voulut faire un pas en avant… Un geste plus énergique encore, un geste de malédiction, l’arrêta.

Nicolas Starkos se rejeta en arrière. Puis, il s’échappa de l’enclos, il reprit le sentier de la falaise, il descendit à grands pas, sans se retourner, comme si une main invisible l’eût poussé par les épaules.

Andronika, immobile sur le seuil de sa maison, le vit disparaître au milieu de la nuit.

Dix minutes après, Nicolas Starkos, ne laissant rien voir de son émotion, redevenu maître de lui-même, atteignait le port où il hélait son gig et s’y embarquait. Les dix hommes choisis par Gozzo se trouvaient déjà à bord de la sacolève.

Sans prononcer un seul mot, Nicolas Starkos