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EN FACE L’UN DE L’AUTRE.

cheveux noirs tombaient en boucles sur ses épaules. S’il avait dépassé trente-cinq ans, c’était à peine de quelques mois. Mais son teint hâlé par les brises, la dureté de sa physionomie, un pli de son front, creusé comme un sillon dans lequel rien d’honnête ne pouvait germer, le faisaient paraître plus vieux que son âge.

Quant au costume qu’il portait alors, ce n’était ni la veste, ni le gilet, ni la fustanelle du Palikare. Son cafetan, à capuchon de couleur brune, brodé de soutaches peu voyantes, son pantalon verdâtre, à larges plis, perdu dans des bottes montantes, rappelaient plutôt l’habillement du marin des côtes barbaresques.

Et cependant, Nicolas Starkos était bien Grec de naissance et originaire de ce port de Vitylo. C’était là qu’il avait passé les premières années de sa jeunesse. Enfant et adolescent, c’était entre ces roches qu’il avait fait l’apprentissage de la vie de mer. C’était sur ces parages qu’il avait navigué au hasard des courants et des vents. Pas une anse dont il n’eût vérifié le brassiage et les accores. Pas un écueil, pas une banche, pas une roche sous-marine, dont le relèvement lui fût inconnu. Pas un détour du chenal, dont il ne fût capable de suivre, sans compas ni pilote, les sinuosités multiples. Il est donc facile de comprendre