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l’archipel en feu.

ligne de flottaison, coulèrent en quelques instants. Les équipages n’eurent que le temps de se jeter dans les embarcations, afin de regagner les deux bricks du centre, où ils furent aussitôt recueillis.

« Hurrah ! Hurrah ! »

Ce fut le cri des matelots de la corvette, après ce coup double qui faisait honneur à ses chefs de pièce.

« Deux de coulés ! dit le capitaine Todros.

— Oui, répondit Henry d’Albaret, mais les coquins, qui les montaient, ont pu embarquer à bord des bricks, et je redoute toujours un abordage qui leur donnerait l’avantage du nombre ! »

Pendant un quart d’heure encore, la canonnade continua de part et d’autre. Les navires pirates, aussi bien que la corvette, disparaissaient au milieu des vapeurs blanches de la poudre, et il fallait attendre qu’elles se fussent dissipées pour reconnaître le mal que l’on s’était fait réciproquement. Par malheur, ce mal n’était que trop sensible à bord de la Syphanta. Plusieurs matelots avaient été tués ; d’autres, en plus grand nombre, étaient grièvement blessés. Un officier français, frappé en pleine poitrine, venait de tomber, au moment où le commandant lui donnait ses ordres.

Les morts et les blessés furent aussitôt descendus dans le faux-pont. Déjà le chirurgien et ses aides