avait été fait rapidement à son bord. Tous, officiers et matelots, étaient à leur poste de combat. Ceux des passagers qui étaient valides avaient demandé à se battre dans les rangs de l’équipage, et on leur avait donné des armes. Un silence absolu régnait dans la batterie et sur le pont. À peine était-il interrompu par les quelques mots que le commandant échangeait avec le capitaine Todros.
« Nous ne nous laisserons pas aborder, lui disait-il. Attendons que les premiers bâtiments soient à bonne portée, et nous ferons feu de nos canons de tribord.
— Tirerons-nous à couler ou à démâter ? demanda le second.
— À couler », répondit Henry d’Albaret. C’était le meilleur parti à prendre pour combattre ces pirates, si terribles à l’abordage, et particulièrement ce Sacratif, qui venait de hisser impudemment son pavillon noir. Et, s’il l’avait fait, c’est qu’il comptait, sans doute, que pas un seul homme de la corvette ne survivrait, qui se pourrait vanter de l’avoir vu face à face.
Vers une heure après midi, la flottille ne se trouvait plus qu’à un mille au vent. Elle continuait de s’approcher à l’aide de ses avirons. La Syphanta, le cap au nord-ouest, ne se maintenait pas sans peine à cette aire de compas. Les pirates marchaient sur