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l’archipel en feu.

mâts, des senaux à mâture droite, des felouques et des sacolèves armées en guerre. D’après ce qu’en pouvaient juger les officiers de la corvette, c’étaient plus de cent bouches à feu, auxquelles ils auraient à répondre avec vingt-deux canons et six caronades. C’étaient sept ou huit cents hommes que les deux cent cinquante matelots de leur équipage auraient à combattre. Lutte inégale, à coup sûr. Toutefois, la supériorité de l’artillerie de la Syphanta pouvait lui donner quelque chance de succès, mais à la condition qu’elle ne se laissât pas approcher de trop près. Il fallait donc tenir cette flottille à distance, en désemparant peu à peu ses navires par des bordées envoyées avec précision. En un mot, il s’agissait de tout faire pour éviter un abordage, c’est-à-dire un combat corps à corps. Dans ce dernier cas, le nombre eût fini par l’emporter, car ce facteur a plus d’importance encore sur mer que sur terre, puisque, la retraite étant impossible, tout se résume à ceci : sauter ou se rendre.

Une heure après que le brouillard se fut dissipé, la flottille avait sensiblement gagné sur la corvette, aussi immobile que si elle eût été au mouillage au milieu d’une rade.

Cependant Henry d’Albaret ne cessait d’observer la marche et la manœuvre des pirates. Le branle-bas