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à bord de la « syphanta » !

montra à moins de quatre milles. Elle avait donc gagné deux milles, depuis la veille, dans la direction de la Syphanta, et, si elle ne s’était pas rapprochée davantage, c’est que le brouillard l’avait empêchée de manœuvrer. Il y avait là une douzaine de navires qui marchaient de conserve sous l’impulsion de leurs longs avirons de galère. La corvette, sur laquelle ces engins n’auraient eu aucune action, en raison de sa grandeur, restait toujours immobile à la même place. Elle était donc réduite à attendre, sans pouvoir faire un seul mouvement.

Et pourtant, il n’était pas possible de se méprendre aux intentions de cette flottille.

« Voilà un ramassis de navires singulièrement suspects ! dit le capitaine Todros.

— D’autant plus suspects, répondit Henry d’Albaret, que je reconnais parmi eux le brick auquel nous avons donné inutilement la chasse dans les eaux de la Crète ! »

Le commandant de la Syphanta ne se trompait pas. Le brick, qui avait si étrangement disparu au delà de la pointe de Scarpanto, était en tête. Il manœuvrait de manière à ne pas se séparer des autres bâtiments, placés sous ses ordres.

Cependant quelques souffles s’étaient levés dans l’est. Ils favorisaient encore la marche de la flottille ;