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NAVIRE AU LARGE.

une dangereuse roche, placée à fleur d’eau, à une encablure du port, et qu’il n’était guère possible de voir dans l’ombre. Un léger coup de barre suffit à modifier sa direction, et l’écueil, rasé de près, fut évité.

Même adresse du timonier, quand il fut nécessaire de parer une seconde basse, qui ne laissait qu’un étroit passage à travers le chenal, — basse sur laquelle plus d’un navire avait déjà touché en venant au mouillage, que son pilote fût ou non le complice des Vityliens.

Ceux-ci n’avaient donc plus à compter sur les chances d’un naufrage, qui leur eût livré la sacolève sans défense. Avant quelques minutes, elle serait ancrée dans le port. Pour s’en emparer, il faudrait nécessairement la prendre à l’abordage.

C’est ce qui fut résolu, après entente préalable de ces coquins, c’est ce qui allait être mis en œuvre au milieu d’une obscurité très favorable à ce genre d’opération.

« Aux canots ! » dit le vieux Gozzo, dont les ordres n’étaient jamais discutés, surtout quand il commandait le pillage.

Une trentaine d’hommes vigoureux, les uns armés de pistolets, la plupart brandissant poignards et haches, se jetèrent dans les canots amarrés au quai, et