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NAVIRE AU LARGE.

Le vieux marin fut compris. Deux minutes après, ce feu, — une simple lanterne, allumée à l’extrémité d’un mâtereau élevé sur le petit môle, — s’éteignait subitement.

Au même instant, ce feu était remplacé par un autre feu, qui fut placé tout d’abord dans la même direction ; mais, si le premier, immobile sur le môle, indiquait un point toujours fixe pour le navigateur, le second, grâce à sa mobilité, devait l’entraîner hors du chenal et l’exposer à donner contre quelque écueil.

Ce feu, en effet, c’était une lanterne, dont la lumière ne différait point de celle du feu de port ; mais cette lanterne avait été accrochée aux cornes d’une chèvre, que l’on poussait lentement sur les premières rampes de la falaise. Elle se déplaçait donc avec l’animal et devait engager la sacolève en de fausses manœuvres.

Ce n’était pas la première fois que les gens de Vitylo agissaient de la sorte. Non certes ! Et il était même rare qu’ils eussent échoué dans leurs criminelles entreprises.

Cependant, la sacolève venait d’entrer dans la passe. Après avoir cargué sa grande voile, elle ne portait plus que ses voiles latines de l’arrière et son foc. Cette voilure réduite devait lui suffire pour arriver à son poste de mouillage.