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L’ARCHIPEL EN FEU.

rissait sans hésitation. On sentait qu’une main habile la manœuvrait.

Cela n’était pas pour satisfaire tous ces mécréants. Ils avaient intérêt à ce que le navire qu’ils convoitaient se jetât sur quelque roche. En ces conjonctures, l’écueil se faisait volontiers leur complice. Il commençait la besogne, et ils n’avaient plus qu’à l’achever. Le naufrage d’abord, le pillage ensuite : c’était leur façon d’agir. Cela leur épargnait une lutte à main armée, une agression directe, dont quelques-uns d’entre eux pouvaient être victimes. Il y avait, en effet, de ces bâtiments, défendus par un courageux équipage, qui ne se laissaient point impunément attaquer.

Les compagnons de Gozzo quittèrent donc leur poste d’observation et redescendirent au port, sans perdre un instant. En effet, il s’agissait de mettre en œuvre ces machinations familières à tous les pilleurs d’épaves, qu’ils soient du Ponant ou du Levant.

De faire échouer la sacolève dans les étroites passes du chenal, en lui indiquant une fausse direction, rien n’était plus aisé au milieu de cette obscurité, qui, sans être profonde encore, l’était assez pour rendre ses évolutions difficiles.

« Au feu de port ! » dit simplement Gozzo, auquel ses compagnons avaient l’habitude d’obéir sans hésiter.