Page:Verne - L’Archipel en feu, 1884.djvu/227

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

219
signaux sans réponse.

Dédale ! N’était-ce pas là qu’Hippocrate envoyait sa riche clientèle de la Grèce qu’il parcourait en enseignant l’art de guérir ?

La Syphanta, orientée au plus près, lofa de façon à doubler le cap Spade, qui se projette au bout de cette langue de terre, allongée entre la baie de la Canée et la baie de Kisamo. Le cap fut dépassé dans la soirée. Pendant la nuit — une de ces nuits si transparentes de l’Orient — la corvette contourna l’extrême pointe de l’île. Un virement vent devant lui suffit pour reprendre sa direction au sud, et, le matin, sous petite voilure, elle courait de petits bords devant l’entrée de Grabouse.

Pendant six jours, le commandant d’Albaret ne cessa d’observer toute cette côte occidentale de l’île, comprise entre Grabouse et Kisamo. Plusieurs navires sortirent du port, felouques ou chébecs de commerce. La Syphanta en « raisonna » quelques-uns, et n’eut point lieu de suspecter leurs réponses. Sur les questions qui leur furent faites au sujet des pirates auxquels Grabouse pouvait avoir donné refuge, ils se montrèrent d’ailleurs extrêmement réservés. On sentait qu’ils craignaient de se compromettre. Henry d’Albaret ne put même savoir, au juste, si la sacolève Karysta se trouvait en ce moment dans le port.

La corvette agrandit alors son champ d’observation.