Page:Verne - L’Archipel en feu, 1884.djvu/214

Cette page a été validée par deux contributeurs.

206
l’archipel en feu.

Comme les rivages de Scyros sont extrêmement découpés en anses et criques, dans lesquelles des pirates peuvent aisément trouver un abri, Henry d’Albaret les fit minutieusement fouiller. Tandis que la corvette mettait en panne à quelques encablures, ses embarcations n’en laissèrent pas un point inexploré.

De cette sévère exploration il ne résulta rien. Ces refuges étaient déserts. Le seul renseignement que le commandant d’Albaret recueillit auprès des autorités de l’île, fut celui-ci : c’est qu’un mois auparavant, dans ces mêmes parages, plusieurs navires de commerce avaient été attaqués, pillés, détruits par un bâtiment, naviguant sous pavillon de pirate, et que cet acte de piraterie, on l’attribuait au fameux Sacratif. Mais, sur quoi reposait cette assertion, nul n’eût pu le dire, tant il régnait d’incertitude touchant l’existence même de ce personnage.

La corvette quitta Scyros, après cinq ou six jours de relâche. Vers la fin de mai, elle se rapprocha des côtes de la grande île d’Eubée, aussi appelée Négrepont, dont elle observa soigneusement les abords sur plus de quarante lieues de longueur.

On sait que cette île fut une des premières à se soulever dès le début de la guerre, en 1821 ; mais les Turcs, après s’être enfermés dans la citadelle de Négrepont,