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campagne dans l’archipel.

minutieusement fouillés. En effet, ce que la corvette ne pouvait faire dans les hauts-fonds, où l’eau lui eût manqué, ses embarcations le faisaient pour elle. Mais, jusqu’alors, il n’était rien résulté de ces recherches.

L’île de Samothrace avait été cruellement dévastée pendant la guerre, et les Turcs la tenaient encore sous leur dépendance. On pouvait donc supposer que les écumeurs de mer trouvaient un asile sûr dans ses nombreuses criques, à défaut d’un véritable port. Le mont Saoce la domine de cinq à six mille pieds, et, de cette hauteur, il est facile aux vigies d’apercevoir et de signaler à temps tout navire dont l’arrivée paraîtrait suspecte. Les pirates, prévenus d’avance, ont donc toute possibilité de fuir avant d’être bloqués. Il en avait été ainsi, probablement, car la Syphanta ne fit aucune rencontre sur ces eaux presque désertes.

Henry d’Albaret donna alors la route au nord-ouest, de manière à relever l’île de Thasos, située à une vingtaine de lieues de Samothrace. Le vent étant debout, la corvette eut à louvoyer contre une très forte brise ; mais elle trouva bientôt l’abri de la terre, et par conséquent, une mer plus calme qui rendit la navigation plus facile.

Singulière destinée que celle de ces diverses îles