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l’archipel en feu.

naîtrais-je et pourquoi me faites-vous cette question ?

— C’est que j’ai eu plusieurs fois l’occasion de prononcer votre nom devant lui, répondit le jeune officier, et ce nom attirait son attention d’une façon assez singulière. Un jour, il m’a demandé si je savais ce que vous étiez devenue depuis notre séparation.

— Je ne le connais pas, Henry d’Albaret, et le nom du banquier Elizundo n’a même jamais été prononcé devant moi !

— Alors il y a là un mystère que je ne puis m’expliquer et qui ne me sera jamais dévoilé, sans doute, puisque Elizundo n’est plus ! »

Henry d’Albaret était resté silencieux. Ses souvenirs de Corfou lui étaient revenus. Il se reprenait à songer à tout ce qu’il avait souffert, à tout ce qu’il devait souffrir encore loin d’Hadjine !

Puis, s’adressant à Andronika :

« Et lorsque cette guerre sera finie, que comptez vous devenir ? lui demanda-t-il.

— Dieu me fera, alors, la grâce de me retirer de ce monde, répondit-elle, de ce monde où j’ai le remords d’avoir vécu !

— Le remords, Andronika ?

— Oui ! »

Et ce que cette mère voulait dire, c’est que sa