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l’archipel en feu.

puis l’île entière. Peut-être Hadjine y avait-elle cherché refuge en quelque endroit ignoré ? On compte, en effet, un certain nombre de villages, disséminés à la surface de l’île, où il est facile de trouver un abri sûr. Pour qui veut se dérober au monde et se faire oublier, Benizze, Santa Decca, Leucimne, vingt autres, offrent de tranquilles retraites. Henry d’Albaret se jeta sur toutes les routes, il chercha jusque dans les moindres hameaux quelque trace de la jeune fille : il ne trouva rien.

Un indice, alors, lui donna à supposer qu’Hadjine Elizundo avait dû quitter l’île de Corfou. En effet, au petit port d’Alipa, dans l’ouest-nord-ouest de l’île, on lui apprit qu’un léger speronare venait récemment de prendre la mer, après avoir attendu deux passagers pour le compte desquels il avait été secrètement frété.

Mais ce n’était là qu’un indice bien vague. D’ailleurs, certaines concordances de faits et de dates vinrent bientôt donner au jeune officier un nouveau sujet de craintes.

En effet, lorsqu’il fut de retour à Corfou, il apprit que la sacolève, elle aussi, avait quitté le port. Et, ce qui ressortait de plus grave, c’est que ce départ s’était effectué le jour même où Hadjine Elizundo avait disparu. Devait-on voir un lien entre ces deux