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l’archipel en feu.

épouvantés de cet état de choses commun à toutes les Échelles du Levant, s’étaient associés pour armer une corvette, destinée à donner la chasse aux pirates. Aussi, depuis cinq semaines, la Syphanta avait-elle quitté Corfou, afin de rallier les mers de l’Archipel. Deux ou trois affaires, dont elle s’était heureusement tirée, la capture de plusieurs navires, à bon droit suspects, ne pouvaient que l’encourager à poursuivre résolument son œuvre. Signalé à maintes reprises dans les eaux de Psara, de Scyros, de Zéa, de Lemnos, de Paros, de Santorin, son commandant Stradena remplissait sa tâche avec non moins de hardiesse que de bonheur. Seulement, il ne semblait pas qu’il eût encore pu rencontrer cet insaisissable Sacratif, dont l’apparition était toujours marquée par les plus sanglantes catastrophes. On entendait souvent parler de lui, on ne le voyait jamais.

Or, il y avait quinze jours au plus, vers le 13 novembre, la Syphanta venait d’être aperçue aux environs de Scio. À cette date, le port de l’île reçut même une de ses prises, et Fabvier fit prompte justice de son équipage de pirates.

Mais, depuis cette époque, plus de nouvelles de la corvette. Personne ne pouvait dire dans quels parages elle traquait actuellement les écumeurs de l’Archipel. On avait même lieu d’être inquiet sur son compte.