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vingt millions en jeu.

point effrayée. Mais l’énergique jeune fille avait autrement disposé d’elle-même… Elle s’était condamnée à vivre.

« Xaris ! » cria-t-elle.

La porte s’ouvrit. Xaris parut.

« Xaris, chasse cet homme ! »

Nicolas Starkos n’avait pas eu le temps de se retourner qu’il était saisi par deux bras de fer. La respiration lui manqua. Il voulut parler, crier… Il n’y parvint pas plus qu’il ne parvint à se dégager de cette effroyable étreinte. Puis, tout meurtri, à demi étouffé, hors d’état de rugir, il fut déposé à la porte de la maison.

Là, Xaris ne prononça que ces mots :

« Je ne vous tue pas, parce qu’elle ne m’a pas dit de vous tuer ! Quand elle me le dira, je le ferai ! »

Et il referma la porte.

À cette heure, la rue était déjà déserte. Personne n’avait pu voir ce qui venait de se passer, c’est-à-dire que Nicolas Starkos venait d’être chassé de la maison du banquier Elizundo. Mais on l’avait vu y entrer, et cela suffisait. Il s’ensuit donc que, lorsque Henry d’Albaret apprit que son rival avait été reçu là où on refusait de le recevoir, il dut penser, comme tout le monde, que le capitaine de la Karysta était resté vis-à-vis de la jeune fille dans les conditions d’un fiancé.